.6. Comment a-t-on pu laisser faire cela ?
Le public ne connait pas les NANO, ces nouveaux matériaux inédits.
La plupart des gens sont persuadés que l’Etat est fort et qu’il les protège (il est difficilement supportable d’envisager que l’on est un cobaye). Qui sait, par exemple, qu'au nom de la "Recherche et Développement", des firmes privées, françaises ou étrangères, peuvent tester, sur simple "déclaration" et dans n'importe quel champ de l'hexagone, des pesticides expérimentaux, sans même en informer les communes concernées dont la population est exposée sans le savoir. L'omerta est ici aussi bien organisée, au nom du secret industriel: les entreprises qui réalisent les essais ne savent même pas ce qu'elles testent. Les pesticides testés sont désignés par des codes. La France est particulièrement concernée par ce problème.
Dans toute la France, les vendeurs de pesticides dissuadent les agriculteur d’abandonner le tout chimique en leur affirmant systématiquement que "leur terre ne se prêtera pas au bio".
Plus personne ne se sait vraiment ce qu’il y a dans les produit finis et personne ne se considère comme responsable. En mai 2018, le laboratoire pharmaceutique Merck, accusé d’avoir inséré des nanoparticules sans les mentionner, dans son nouveau Lévothyrox qui perturbait les patients, se défend en disant qu’il ne fabrique pas lui-même les composants de ses médicaments... et qu’il se contente de les assembler. Si des laboratoires pharmaceutiques en sont là, que dire des firmes fabriquant les pesticides ? (qui sont bien souvent les mêmes).
En outre, un ingénieur chimiste n'est pas un toxicologue. Et les chaires de toxicologie et d'écotoxicologies sont rares dans les universités, à cause des partenariats public-privé, le privé n'ayant aucun intérêt à former des chercheurs qui vont contrer les industriels.
En France, on se croit protégés par l’ANSES, mais c’est loin d’être toujours vrai, car des pans entiers de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire sont phagocytés par les lobbies. L’ANSES, qui a pourtant le pouvoir de s’auto-saisir, se garde bien d’étudier les effets cocktails et les effets rémanents des divers produits pulvérisés en même temps, par des agriculteurs différents, autour des villes et des villages. En outre, devant l'urgence à agir, cette agence prend son temps : au jour où nous écrivons, les chercheurs de l'INSERM évoqués en page d'accueil attendent toujours d'être convoqués pour rendre compte des effets cancérogènes du fongicide SDHI. L’ANSES bloque aussi depuis trois ans l’autorisation de mise sur le marché de l’OSMOBIO, remplaçant du glyphosate, qui semble pourtant sans danger pour l’homme et la nature. Par ailleurs, l'agence tend à ne considérer comme "statistiquement viables" que les études dont le protocole a été mis au point par... BASF, ce qui exclut presque toujours les études universitaires.
La désinformation "Nano" a été bien menée. Vu la maigre moisson de données, la quasi-absence d'études, il était jusqu'à présent assez difficile de prouver l’extrême dangerosité des pesticides aux Nano. Mais cela vient de changer grâce à la réforme de REACH (voir la fiche n°5).